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Édition du 13 mai 2017,
section ACTUALITÉS, écran 1
Le couple traditionnel
Popularité : 19 % des couples canadiens
Définition : Chez les couples dont les deux partenaires travaillent, le modèle « traditionnel » est celui qui reproduit les rôles qui existaient il y a plusieurs décennies. Dans ce type de couple, l’homme paie plus de factures que la femme, alors que celle-ci est plus impliquée dans les tâches ménagères (repas, ménage, vaisselle, lavage, épicerie).
Taux de satisfaction des femmes : 80,5 %
Taux de satisfaction des hommes : 80 %
Le couple « 50/50 »
Popularité : 13 % des couples canadiens
Définition : Dans ce couple, les tâches ménagères sont réparties équitablement entre les conjoints, et chacun des partenaires paie la moitié des factures.
Taux de satisfaction des femmes : 75 %
Taux de satisfaction des hommes : 83,1 %
Le couple « femme + »
Popularité : 55 % des couples canadiens
Définition : Dans ces foyers, la femme a une contribution supérieure à l’homme tant dans l’aspect financier que dans celui des tâches. Elle paie donc plus de factures que son partenaire et fait plus de ménage que lui.
Taux de satisfaction des femmes : 82,2 %
Taux de satisfaction des hommes : 81,5 %
Le couple « homme + »
Popularité : 12 % des couples canadiens
Définition : Ici, l’homme fait plus de tâches ménagères que la femme et paie une plus grande portion des factures qu’elle.
Taux de satisfaction des femmes : 77,2 %
Taux de satisfaction des hommes : 79,5 %
Le couple inversé
Popularité : 1 % des couples canadiens
Définition : C’est le renversement des rôles traditionnels. Au sein de ces couples, l’homme s’occupe davantage des tâches ménagères que la femme, alors que celle-ci contribue plus que lui financièrement.
Taux de satisfaction des femmes : 61,7 %
Taux de satisfaction des hommes : 76,6 %
Des surprises
Maude Boulet, chercheuse postdoctorale à la Chaire de recherche du Canada en statistiques sociales et changement familial de l’Université McGill, dit avoir été « très surprise » des résultats qu’elle a obtenus en fouillant dans les données de l’enquête sociale générale canadienne. En voici deux.
Pas de modèle dominant
« Je m’attendais à ce que le couple 50-50 ait pris la place du couple traditionnel, mais ce n’est pas ce qu’on retrouve du tout », explique Mme Boulet. Et si le couple 50-50 semble faire le bonheur des hommes, les femmes y sont plus insatisfaites que dans tous les autres types de couples… sauf le couple inversé.
La chercheuse se dit aussi étonnée par l’extrême rareté du couple inversé… et du faible niveau de satisfaction qui y règne.
« Inverser complètement les rôles sociaux de genre ne mène pas à une satisfaction plus grande », observe la chercheuse, qui précise cependant que le faible nombre de couples de ce type rend les résultats plus difficiles à généraliser.
Mais que veut donc la femme ?
En isolant toutes les autres variables, Mme Boulet a trouvé que moins l’homme fait de tâches domestiques dans son couple, plus il est satisfait. Ici, rien de surprenant. Le hic, c’est que l’inverse n’est pas vrai.
L’une des explications – et on sent que Mme Boulet l’avance à contrecœur – est ce qu’on appelle en anglais la théorie du « doing gender ».
« Cette théorie dit que les tâches domestiques sont un moyen d’exprimer son identité de genre. Les femmes qui font ces tâches se sentiraient donc plus satisfaites, car elles se sentent plus féminines », explique-t-elle.
Autre explication possible : les couples où les hommes font des tâches auraient des valeurs égalitaires, et le fait que l’égalité ne soit pas parfaitement atteinte entraînerait l’insatisfaction de madame.
« Ou peut-être que c’est lié aux standards, avance encore la chercheuse. Peut-être que la façon dont les tâches sont effectuées par l’homme ne satisfait pas la femme ? »
Pour en avoir le cœur net, Maude Boulet veut maintenant raffiner ses analyses en examinant les caractéristiques de chaque type de couple (durée de l’union, présence et âge des enfants, revenus, etc.). Mais surtout, elle veut leur parler.
« Il faut aller au niveau qualitatif, il faut faire parler les gens, dit-elle. Moi, je peux sortir les chiffres, mais je ne peux pas dire pourquoi c’est comme ça et ce que ça veut dire. »